[**] Orica 2014 - Championnat d'Afrique du sud

Troisième saison à la tête d'Orica pour le manager australien, ancien coach chez Australian Cycling et l'Australian Institute of Sport qui a révélé la majorité des talents de la lointaine Océanie.

Ca va faire la troisième saison que je suis à la tête d'Orica et j'ai toujours autant de plaisir qu'à nos débuts. Chaque jour, chaque course, amène son lot de surprises, bonnes ou mauvaises. C'est ça le cyclisme.

L'année dernière nous avons continué dans la même voie qu'en 2012 avec un effectif et des objectifs assez similaires c'est à dire le sprint, le plat et le punch. On a manqué de chance sur nos premières courses, avec par exemple la grosse chute de Gerro' qui l'a empêché de gagner le Down Under en début de saison... mais ensuite on a trouvé notre rythme de croisière. On a fait un Tour de France de rêve, la victoire de Gerro' au sprint puis cette victoire de toute l'équipe qui a encore montrée sa cohésion dans le contre-la-montre par équipes pour offrir un maillot jaune mérité à notre leader puis à Impey qui a eu l'honneur d'être le premier africain à le porter. Sur la Vuelta Bling a confirmé tous les espoirs que nous placions en lui en remportant deux étapes de son premier Grand-Tour.

Mais comme je l'ai dis, il n'y a pas qu'eu des points roses cette année. Nous sommes passés à côté des flandriennes et des sprints. Surtout pour le deuxième point, c'est dommage. Gossy a eu une saison très difficile avec un planning pas adapté et il est complètement passé à côté de sa saison. C'est dommage car nous avions un des meilleurs trains mais personne pour conclure. 

Cette année on rester rock mais on se rajeunit et surtout on grimpe. La structure de l'équipe ne change pas avec toujours comme gros objectifs les contre-la-montre, les sprints et tout ce qui est valloné, mais l'arrivée d'Esteban, Simon, Adam et Ivan vont nous permettre de nous diversifier un peu. Aujourd'hui, une équipe World Tour doit être compétitive partout et c'est ce que nous cherchons. Mais attention, en gardant toujours le même esprit. On ne va pas mettre une grosse somme pour prendre un leader comme ça. C'est une affaire réfléchie, une continuité.

Les objectifs ? Bah bien sûr, remporter nos championnats et notre Tour national. Une victoire au moins sur chaque Grand-Tour, des maillots distinctifs. Les Ardennaises avec Gerrans/Alba'/Weening, on peut y faire top3 à chaque fois. Jouer les classements généraux avec nos jeunes, les étapes avec nos sprinteurs. On a une grosse équipe, on peut le faire. Je vais dire, une 8ème place au classement World Tour, et disons vingt victoire sur le World Tour.

Après deux saisons en demi-teinte, le sprinteur tasmanien de l'équipe Orica entame à 27 ans sa saison la plus importante. Décevant en 2012 et 2013 avec une seule victoire à chaque fois, le grand espoir australien, considéré souvent comme le successeur de McEwen après une énorme saison 2011 va devoir rebondir en 2014 s'il veut prouver qu'il a l'étoffe d'un grand sprinteur, et cela passe par des résultats. Avec une grosse équipe sur les sprints, il a tout ce qu'il faut pour y arriver.

Cyclismactu.net : Bonjour Matthew et merci de nous recevoir aujourd'hui pour cet interview.

Matthew Harley Goss : Merci à vous de vous être déplacé.

CA : Vous sortez de deux saisons difficiles dans une équipe pourtant tournée vers les sprints. Comment expliquer cela ?

MG : C'est vrai, deux saisons très dures, et j'en suis le premier déçu. Il faut dire que je ne suis jamais passé loin, souvent coiffé sur un fil, avec beaucoup de deuxième et troisième places. J'ai choisis un planning trop dur et pas adapté ce qui fait que je suis arrivé à plats sur mes objectifs.

CA : Donc cette saison un nouveau planning mieux réfléchi ?

MG : Exactement. Je vais participer a des courses moins difficiles ou je perdrais moins de force. Par exemple éviter Tirreno, qui propose un parcours extrême, et aller sur Paris-Nice, plus plat.

CA : D'ailleurs, quels seront vos principaux objectifs cette saison ?

MG : Gagner. (rire). Non plus sérieusement, mon gros objectif est le Tour de France où je veux briller en gagnant au moins une étape mais surtout en ramenant le maillot vert. J'aimerai aussi bien remporter un deuxième Milan-San Remo, c'est une course qui me convient bien.

CA : Comment s'articulera votre calendrier ?

MG : Et bien je commencerai aux championnats australiens avant d'enchaîner sur le Tour Down Under puis les courses moyen-orientales qui me conviennent bien. Il faudra gagner pour se mettre en confiance. Ensuite comme je vous l'ai dis beaucoup de courses World Tour, probablement Paris-Nice, le Tour de Romandie, de Suisse puis de France.

CA : Pas de Giro, comme certains autres sprinteurs le font ?

MG : Non, cette année pas de Tour d'Italie. Trop de force grillées pour rien, je l'ai bien vu ces deux dernières années. De plus n'oubliez pas qu'Orica à d'autres leaders sur le sprint, je pense notamment à Michael Matthews qui aura sûrement le leadership sur ce grand-tour et la Vuelta.

CA : Orica justement, parlons-en. L'équipe s'est renforcée cette année en montagne mais reste avant tout basée sur les disciplines qui l'a vu gagner. Votre opinion là-dessus ?

MG : C'est une très bonne nouvelle, aujourd'hui il y a de plus en plus de concurrence dans le World Tour et pour rester compétitif il faut pouvoir se battre dans tous les domaines. On garde une équipe dans le même esprit, soudée, et c'est tout bénéf pour chaque coureur.

CA : Beaucoup de jeunes espoirs notamment Matthews, Howson, Durbridge ou encore Ewan probablement dès l'année prochaine, bonne nouvelle pour le cyclisme aussie ?

MG : Excellente, le cyclisme australien a une superbe structure de formation avec l'AIS et son équipe de jeune ce qui nous permet un vivier de talent assez incroyable, d'ailleurs la majorité des coureurs d'Orica dont moi-même venons de là-bas et c'est vrai que nous sommes à un période ou le cyclisme austrlalien s'exporte bien avec notre équipe mais aussi des coureurs comme Dennis, Boboridge chez Garmin, Porte et Sutton chez Sky et bien sûr Papy Evans chez BMC. On montre qu'on est une vraie nation du vélo et c'est une mission de notre équipe que de promouvoir et de donner sa chance aux jeunes océaniens.

CA : Merci Matthew pour le temps que vous nous avez accorder et bonne saison.

Simon Gerrans sera entouré de Michael Albasini et Pieter Weening en équipiers de luxe pour les étapes vallonnées et bien sûr les Ardennaises. On pourra aussi compter sur Simon Clarke pour les aider dans cette tâche même si le jeune australien sera plus souvent leader pour continuer sa progression qui l'a vu prendre une belle 7ème place aux mondiaux cette année. Une équipe solide dans cette discipline qui pourrait aller chercher quelques belles victoires que ce soit sur les trois grandes ou sur des tours par étapes. 

En sprint on ne change pas la hiérarchie et on fait confiance à Matthew Goss pour emmener l'équipe. Michael Matthews sera notre deuxième sprinteur et les autres seront souvent poissons-pilotes mais auront aussi droit de jouer leur carte, notamment sur le circuit continental. On pense bien sûr à Kruopis et Howard. Notre sud-af' Daryl Impey, qui passe très bien les bosses, sera à la fois un équipier précieux pour Goss dans sa quête du maillot vert mais aussi de Gerrans et compagnie lorsque la route sera plus vallonée. Il sera sûrement leader au Pays Basque, une course qu'il apprécie particulièrement.

Grande spécialité australienne, il faut dire que la majorité d'entre eux viennent de la piste, les contre-la-montre. Si on cherchera à profiter de notre force collective pour s'imposer sur les contre-la-montre par équipes et particulièrement au Giro et sur les Championnats du monde de l'exercice, nous chercherons aussi la victoire individuellement. Durbridge, Hepburb et Howson sont nos plus grands espoirs pour les prochaines saisons mais pourraient déjà montrer l'étendue de leur talent dès cette année. Mais n'oublions pas les vieux, Svein Tuft sera une de nos principales forces de frappe avec Brett Lancaster. On espère quelques victoires et pourquoi pas des maillots distinctifs avec.

Sur les classiques pavées, aussi appelées flandriennes, nous avons perdu notre ancien leader au mercato mais ce n'est pas pour ça que nous serons transparent. Avec la venue de la Sky de Matthew Hayman nous avons notre futur leader qui partagera le leadership avec notre belge Jens Keukeleire voir même Goss sur les plus plates. Impey, Durbridge et Hepburn devraient aussi tâter du pavé afin de voir ce qu'ils valent et pourquoi pas jouer une placette.