[Récit de l'année 2013] [*****] Rabobank Cycling Team 2014 3/3

Avant de présenter les 18 équipes Pro Tour, intéressons-nous à l’échelon continental, et en particulier aux prétendants à la montée. La lutte sera féroce tout au long de l’année car aucune équipe ne se démarque vraiment. Nous avons identifié les 8 formations qui devraient se disputer le haut de l’affiche : Accent.Jobs, Androni, Argos, Cofidis, Colnago, Europcar, Farnese et Lampre.

On le sait, d’un point de vue comptable, avoir de bons sprinters est beaucoup plus utile qu’en World Tour. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les derniers classements continentaux ont été dominés par les sprinters. Or chaque prétendant possède des armes dans ce domaine, à commencer par Argos-Shimano. Les néerlandais ont certes perdu Degenkolb, mais ont conservé Kittel, 20 succès en 2012, et qui sera revanchard après une saison vierge. Trentin et Selig devraient également apporter leur pierre à l’édifice. Les italiens sont aussi bien présents dans les autres formations : Ferrari chez Androni, Guardini chez Farnese, Modolo chez Colnago, Pelucchi chez Europcar, et Petacchi, qui vient de signer chez Cofidis ! Derrière ces grosses cuisses, on trouve beaucoup de sprinters plus modestes mais dont la faculté à passer les bosses est aussi très utile pour aller chercher des bouquets. Gatto a par exemple remporté la première étape du Giro de cette manière pour Farnese, devançant les purs sprinters des formations plus huppées. Ista, Sulzberger et le transfuge de Team Type 1 Kocjan en sont de bons exemples pour Accent.Jobs. Dumoulin (Cofidis), Favilli (Farnese), Bole (Lampre), Simon (Europcar) et le néo-pro Coquard (Europcar) sont aussi à ranger dans cette catégorie.

Outre les sprints, ces équipes visent les courses par étapes pour engranger de gros points. Contrairement aux épreuves World Tour, il n’est pas nécessaire d’exceller en haute montagne pour obtenir de bons résultats, même si un top 5 sur un grand tour apporte un pactole non négligeable. Demandez-donc à Nicolas Roche et Ag2r ! Après son podium sur la dernière Vuelta, Taaramae voudra rééditer ce genre de performance. Mais il est trop risqué de tout miser sur un grand tour au vu de la concurrence présente sur ces évènements. Il vaut donc mieux avoir plusieurs leaders pour ratisser large. Accent.Jobs va ainsi s’appuyer sur un trio mené par Tiernan-Locke, 2ème du GP de Montréal. Un duo d’italien sera à ses côtés : Ulissi, transfuge de Lampre, et Agnoli, vainqueur de la Semaine Lombarde et d’une étape du Tour de Trentin en 2013. Du côté d’Androni, on fera confiance à Rujano, 2ème du Tour de Catalogne, mais également à Pellizotti, Sella, victorieux d’une étape sur le Giro, et au nouveau-venu Amador. C’est un peu plus limité du côté Cofidis, où seul Di Gregorio pourra aider Taaramae. Mais s’il remporte une étape du Tour comme au Semnoz cette année, le sponsor sera satisfait.

On continue ce tour des équipes avec Colnago, qui a profité de la descente de NetApp pour attirer Leopold König. Lui et Pozzovivo devront s’illustrer sur le Giro notamment. Ce sera un peu plus compliqué pour Farnese, même si De Greef a remporté le Tour du Colorado cette année. Kadri et Cardoso, 16ème de la dernière Vuelta sous les couleurs de Caja Rural, auront aussi des responsabilités. Les jeunes étant partis, c’est aux anciens que Lampre s’en remet. Cunego, Lloyd, vainqueur du Tour Down Under en 2012, et Stortoni doivent faire remonter leur formation. Quant à Leipheimer, il prend sans doute part à sa dernière saison professionnelle, reste à savoir s’il pourra toujours aider la formation bleu et rose à 40 ans. Argos sait ce qu’il en est : ils sont descendus à cause de leur manque de grimpeurs. Ils ont décidé d’y remédier cette année en engageant Chris Anker Sørensen, dans les tops 10 de Paris-Nice, du Tour de Catalgone et de celui de Romandie, et le néo-pro Warren Barguil, déjà présenté comme un futur grand. Alexandre Geniez complète le trio. Enfin, Europcar s’appuiera avant tout sur Voeckler, mais peut compter sur Gautier, Löfkvist, Kern et leurs trois recrues Simon, Monier et Gasparotto.

Tous ces coureurs seront donc les principaux atouts pour la remontée, bien que d’autres puissent être utiles en fonction des wild-cards obtenues. Rosseler et le désormais ex-BMC Quinziato pour Farnese peuvent par exemple s’illustrer sur les pavés. Gusev (Androni), Dumoulin (Argos), Ludvigsson (Argos), Schumacher (Cofidis), Rasmussen (Lampre) et Champion (Farnese) peuvent aussi être utiles si un chrono dessine le classement final d’une course par étapes.

Bref, vous l’avez compris, il est très dur de désigner deux favoris à la montée au vu de cette densité de bons coureurs. Argos part peut-être avec un léger avantage mais, comme chaque année, il faudra compter sur un brin de chance, les révélations de jeunes, et être épargnés par les blessures pour se hisser au sommet de la hiérarchie.

Les autres coureurs à suivre :
Bretagne-Schuller : J.Hivert, 11ème du classement continental 2013
Caja Rural : D.De la Fuente, 15ème de la dernière Vuelta, G.Brambilla
Christina Watches : G.Ciolek
Endura Racing : A.Roux, 9ème des Championnats du monde, 3ème du classement conti 2013
Meridiana-Kamen : A.Blythe
Saur-Sojasun : J.Coppel, 4ème de la Vuleta 2013
Team NetApp : J.Roelandts
Team Nippo : E.Rossi, 5ème et 1er des deux derniers classements conti
Top-sport Vlaanderen : M.Van Staeyen, 2ème du classement conti 2013

Après l’excellent Giro de Roche, les dirigeants d’Ag2r La Mondiale savaient qu’ils ne pourraient plus compter sur lui en 2014. Péraud étant également parti, il a fallu trouver d’autres leaders pour les courses par étapes, celles qui rapportent des points WT. Évidemment, un promu ne peut pas attirer de nom ronflant, mais Ag2r a tout de même réussi deux jolis coups avec Monfort et Velits. Le belge a terminé 5ème du Tour 2012, 3ème de la Flèche Wallonne et 2ème du Dauphiné en 2013. Le slovaque a lui enchainé deux 10ème place sur le Tour mais devra diversifier ses objectifs pour aider au mieux son équipe. Riblon est le 3ème leader tandis que Bardet, Bonnafond, Dupont et Gadret joueront les équipiers modèles. La deuxième corde à l’arc des français est les sprints. Ils disposaient déjà de Casper, Belletti et Goddaert, qui ont tous brillé depuis 2 ans. Adrien Petit, le coureur le plus prolifique en 2013, les a en plus rejoints. Il ne se sera exilé qu’un an en Chine avant de retrouver une formation World Tour avec des responsabilités : son choix de carrière était finalement bon.

Arrivées : P.Velits, M.Monfort, A.Petit, R.Mathéou, T.Bonnin
Néo-pros : /
Départs : N.Roche, M.Chérel, B.Shpilevsky, G.Gazvoda, B.Gastauer, M.Perget, JC.Péraud (retraite)



Si Offredo réalise la même campagne flandrienne qu’en 2013, alors le maintien sera déjà presque acquis pour FDJ. Il suffira que Pinot et Jeannesson réalisent quelques coups en montagne sur des tours d’une semaine pour aller chercher les points manquants. Cela reste de la théorie et il vaut mieux assurer quelques bouquets également. C’est pour cela que Bennati a été recruté : en plus d’être le vieux briscard qui pourra guider les jeunes français, il devra se partager les sprints avec un Hutarovich enfin redevenu efficace l’an passé. Cette saison sera aussi un tournant pour Vichot, Elissonde et Van Keirsbulck : peuvent-ils devenir des leaders ou resteront-ils simplement des équipiers capables de coups d’éclats ? Côté supporters, la déception du mercato est la perte de Démare, un an après celle de Bouhanni.

Arrivées : D.Bennati, M.Chérel, M.Buffaz, D.Fernández
Néo-pros : Y.Lampaert
Départs : A.Démare, S.Chainel, F.Mourey, J.Vanlandschoot, C.Pineau, F.Veuchelen



Alors qu’ils se sont sauvés de justesse depuis deux saisons, Orica joue à un jeu dangereux. En effet, leur coureur le plus efficace en 2013, Albasini, et le flandrien maison Langeveld n’ont pas été conservés. En contrepartie, une seule arrivée de poids : Tom Boonen. Le belge devra se relancer mais ne sera pas épaulé sur les pavés. Il devra aussi sprinter avec Guarnieri et Davis pour rapporter quelques bouquets. Vous l’avez compris, ce n’est toujours pas cette année qu’Orica jouera les premiers rôles en montagne puisque Weening reste limité face aux meilleurs. Gerrans et Boonen auront donc la lourde responsabilité de maintenir l’équipe à eux deux. À moins que le double champion du monde junior et espoir Mohoric explose dès sa première année chez les pros.

Arrivées : T.Boonen, W.Clarke, S.Shaw, A.Arekeev, R.Pollock, P.Thompson
Néo-pros : M.Mohoric, D.Howson, R.Uhlmann, D.Abdi
Départs : M.Albasini, S.Langeveld, D.Impey, M.Docker, T.Meyer, F.Beppu, J.Dean (retraite), D.Righi (retraite)



Attention, équipe en grand danger ! Vacansoleil avait révélé un grimpeur l’an dernier, mais Valls est parti vers d'autres cieux. Leur meilleur élément, Devolder, aussi. Pourtant personne n’a été recruté pour les remplacer. La deuxième équipe néerlandaise du plateau ne pourra donc rien jouer en montagne. Leurs sprinters Bouhanni, Boeckmans et Van Hummel sont toujours limités faces aux plus grosses cuisses du peloton. Et ce n’est pas l’arrivée de Nizzolo qui va les aider à établir une hiérarchie claire. De même, Hoogerland et Leukemans ne parviennent pas à rivaliser avec les tous meilleurs sur les classiques ardennaises. C’est donc des flandriennes que le salut peut arriver. Leukemans et Pozzato doivent retrouver les sommets après une saison 2013 en-deçà de 2012. Quoi qu’il en soit, les hommes de Vacansoleil devront chasser les victoires d’étapes pour faire parler d’eux, comme Westra sur le dernier Tour de France. Tous les points seront précieux !

Arrivées : G.Nizzolo, A.Masciarelli, Y.Eijssen, F.Piemontesi
Néo-pros : T.Sprengers, J.Thysbaert, L.Cluzel
Départs : S.Devolder, R.Valls, R.Pidgornyy, T.Marczynski, M.Carrara, BJ.Lindeman, M.Mortensen, S.Denifl



Pour 2013, Acqua & Sapone s’était offert les services de Sagan et du même coup un maintien dans l’élite presque assuré. L’équipe italienne poursuit sa construction en 2014. Excepté leur capitaine de route Napolitano, tous les trentenaires en fin de contrat ont été poussés vers la sortie. Au contraire, tous les plus jeunes ont été conservés, à commencer par Betancur même si le colombien n’a rien montré cette saison. Les puncheurs-sprinters Ginanni et Taborre, très efficaces cette année, ont également prolongé. Forts de cette base, les dirigeants ont recruté en pensant à l’avenir puisque beaucoup de néo-pros font leur apparition dans l’effectif. Mais surtout, les deux rouleurs italiens les plus prometteurs de leur génération ont rejoint la formation transalpine, en l’occurrence Malori et Boaro. Enfin, Mestre, 10ème des championnats du monde, sera là pour enlever à Betancur une partie de ses responsabilités sur les terrains escarpés.

Arrivées : A.Malori, M.Boaro, R.Mestre, F.Canuti, A.Bazzana
Néo-pros : O.Boutahar, N.Erbini, O.Obbedio, B.Vennema
Départs : A.Masciarelli, C.Corioni, S.Masciarelli, H.Dekkers (retraite), D.Di Luca (retraite), W.Miholjevic (retraite)



Euskaltel avait déjà diversifié ses terrains de chasse depuis août en recrutant le sprinter andorran Malnero et l’italien à tout faire Vassano. Ils continuent dans cette optique avec l’arrivée de Iglinskiy pour les classiques. Mais évidemment, l’essence de cette équipe reste la montagne. Si Talansky ne s’est pas senti à l’aise cette année et est reparti aussi vite qu’il est venu, Nieve reste fidèle à ses racines. Anton a connu une saison 2013 en-deçà de ses espérances et voudra se relancer. Et surtout, Samuel Sánchez est de retour après une année où il n’a pas eu le rôle qu’il espérait chez Liquigas ! Les trois basques devront assurer un maintien plus confortable à l’équipe que cette année. Un danger guette tout de même l’équipe orange : toutes leurs recrues ont plus de 32 ans, et l’expérience Rodriguez de l’an dernier montre que cela peut réserver de mauvaises surprises.

Arrivées : S.Sánchez, JI.Gutierrez, M.Iglinskiy, M.Irizar, D.Sesma
Néo-pros : LL.Malnero, D.Vassano, C.Sensi
Départs : A.Talansky, M.Landa, G.Izagirre, A.Maserati, J.Rodriguez (retraite)

Après une saison qui a vu les belges reculer de 6 places dans la hiérarchie mondiale, Patrick Lefévère voulait du sang neuf. Il fait pour cela confiance aux français, un comble ! Arnaud Démare devient le sprinter maison en lieu et place de Ciolek et Boonen. Ce même Boonen qui a déçu sur les flandriennes est donc remplacé sur ces courses par Turgot. Mais le transfuge d’Europcar se contentera vraisemblablement du rôle d’équipier de Chavanel et Terpstra. Peter Velits parti, Moinard le remplace pour les courses par étapes. Là encore, son rôle sera d’épauler Cataldo en montagne. Tony Martin essaiera quant à lui de briller sur les courses d’une semaine où les chronos dessinent le général. C’est donc seulement sur les ardennaises que les belges gardent la main, par l’intermédiaire de la recrue Ben Hermans. Quoi qu’il en soit, Omega semble s’être affaiblie cette année.

Arrivées : A.Démare, B.Hermans, S.Turgot, A.Moinard, P.Serry, D.Commeyne, C.Pineau, M.Eichler
Néo-pros : S.Cannoot, R.Ruffin
Départs : T.Boonen, P.Velits, G.Ciolek, D.Devenyns, N.Maes, F.Rabon, I.Keisse, E.Petrov, K.De Weert (retraite), D.Le Lay (retraite)



Sûrs de leurs fait, les dirigeants russes ont établi un plan pour faire venir Wiggins. Ballan, Iglinskiy, Paolini et Selig n’ont pas été conservés. Moreno et Menchov ont été prolongés et d’autres grimpeurs sont arrivés : le jeune canadien Berg, et surtout Landa. Seulement, l’anglais leur a fait faux bond, et Landa est finalement la recrue principale de Katusha. C’est peu au vu des départs. Il va falloir se remotiver et faire confiance aux anciens, et aux plus jeunes comme Adams. Le sprinter américain veut franchir un nouveau palier en 2014, lui qui compte déjà deux étapes de Tirreno et du Tour de Pologne à son actif. Enfin, Katusha espère que Kristoff va se réveiller : en deux saisons dans cette équipe, il n’a pas signé un seul top 5, que ce soit sur une classique ou une simple étape.

Arrivées : M.Landa, J.Herrada, F.Amorison, R.Roth, H.Houle, JJ.Estrada
Néo-pros : Y.Berg, G.Lendoiro
Départs : A.Ballan, M.Iglinskiy, L.Paolini, R.Selig, V.Gusev, M.Belkov, T.Kritskiy, A.Kuschynski (retraite)



La formation américaine se tourne de plus en plus vers les sprints. En plus de prolonger Haussler et Fernandez, Garmin a réalisé la bonne opération de fin de mercato quand Argos est descendu. Degenkolb s’est retrouvé libre et s’est engagé ici. Avec en plus Farrar, Garmin peut former des trains très solides mais ses sprinters ne devront pas se tirer dans les pattes. Maaskant et Wegmann partis, les classiques seront un peu délaissées car Vansummeren et Tjallingii ont semblé en perte de vitesse l’an dernier. Quant à leurs deux puncheurs grimpeurs, ils préfèrent apparemment se concentrer sur les courses par étapes, preuve en est avec la victoire de Martin sur Tirreno et les tops 5 de Kreuziger sur Paris-Nice et le Dauphiné en 2013. On peut enfin signaler le retour de Danielson après une année chez Androni.

Arrivées : J.Degenkolb, M.Tjallingii, M.Busche, T.Danielson, B.Planckaert, M.Verschoor, P.McCarty, G.Mannion
Néo-pros : V.Marchena, S.Bryce
Départs : F.Wegmann, M.Maaskant, J.Bauer, T.Peterson, F.Pérez, A.Klier (retraite), D.Millar (retraite), L.Pasamontes (retraite), R.Plaza (retraite), C.Zaballa (retraite)



Les kazakhes diversifient leurs objectifs pour 2014. Brajkovic et Rogers sont partis alors que seul Atapuma est arrivé chez les grimpeurs. Astana s’appuiera donc sur 3 hommes pour les courses par étapes : De Gendt, 8ème et 7ème des deux dernières Grandes Boucles, Kiserlovski, 3ème de Paris-Nice et du Tour de Catalogne en 2013, et Seeldraeyers, qui devra confirmer son explosion. En revanche, Astana veut aussi jouer un rôle sur les classiques. Chainel a accroché de belles places sur plusieurs courses pavées continentales, mais également un podium sur le GP de Plouay. Il a enfin l’occasion d’être leader sur les flandriennes. Mais le gros coup reste Wegmann, 3ème de l’Amstel et vainqueur du GP de Montréal. L’allemand veut confirmer cette année. Seuls les sprints sont délaissés, mais ces derniers ne sont de toute façon pas rentables au niveau comptable. On note enfin que Rebellin retrouve une formation de top niveau malgré ses 42 ans.

Arrivées : F.Wegmann, D.Ratto, M.Carrara, F.Felline, D.Atapuma, S.Chainel, D.Rebellin, G.Di Salvo, R.Kireyev
Néo-pros : /
Départs : J.Brajkovic, E.Gasparotto, Y.Nepomnyachsniy, D.Gruzdev, D.Fleeman, F.Stalder, M.Rogers (retraite), P.Tiralongo (retraite), A.Vinokourov (retraite)



La saison qui vient de s’achever a été un peu décevante pour Movistar, mais ce n’est pas une raison pour tout changer. La formation espagnole repart donc avec Valverde comme leader, et Quintana et Costa comme lieutenants. Ces deux derniers doivent montrer quelque chose cette année car ils seront en fin de contrat au terme de la saison. Plusieurs grimpeurs comme Amador, Leipheimer et Samoilau sont tout de même partis pour faire place à un flandrien ! Langeveld sera bien seul sur les pavés, mais il s’y est habitué chez Orica. Le néerlandais aura aussi comme rôle de frotter pour le placement de ses leaders sur les étapes de transition, quelque chose qui manquait cette année. On devrait donc voir les maillots Movistar à peu près partout, puisque Rojas et Visconti sont toujours réguliers sur les sprints et les classiques vallonnées. On fera également attention à Syx, qui a accroché la 5ème place à Montréal en septembre dernier en n’étant que stagiaire.

Arrivées : S.Langeveld, V.Reynes, J.Hernandez, S.Dominguez, A.Gómez, L.Mas Bonet, JV.Toribio, C.Castaño, FM.Antón
Néo-pros : O.Syx, R.De Baere
Départs : A.Amador, I.Konovalovas, JI.Gutierrez, J.Herrada, L.Leipheimer, D.López Garcia, B.Samoilau, P.Lastras (retraite)



La formation italienne a réalisé l’un des plus beaux coups de l’année en s’attachant les services d’Andy Schleck ! C’est donc un nouveau départ pour le luxembourgeois, qui ne courra pas avec son frère pour la première fois de sa carrière. Liquigas présente ainsi un effectif très solide en montagne avec en outre Nibali, 3ème du dernier Giro, et Basso, 5ème du Tour de France. Évidemment, ces arrivées ont un coût. Sánchez a été poussé vers la sortie, lui qui n’a jamais trouvé sa place l’an dernier. Vanmarcke est aussi parti car il n’était pas assez soutenu sur les flandriennes. Paolini est venu pour le remplacer mais, à 36 ans, cela ressemble plus à une tournée d’adieu dans son ancienne équipe. Liquigas pourra aussi s’illustrer sur les sprints avec Oss, et surtout le champion d’Italie Viviani.

Arrivées : A.Schleck, L.Paolini, N.Brown, C.Lewis, E.Vona, S.Anza, I.Burnett
Néo-pros : D.Formolo, M.Dawson
Départs : S.Vanmarcke, S.Sánchez, T.Dall’Antonia, F.Sabatini, T.Stubbe, T.Duggan, A.Cappelle, F.Canuti, D.Ratto

Pour la deuxième année consécutive, l’effectif de Lotto connait peu de changements. Greipel essaiera de remporter une étape d’un Grand Tour après deux ans de disette. Van den Broeck et Vanendert, eux, devront rééditer leurs saisons exceptionnelles. Dans le viseur de l’un se trouve le Tour de France, dans celui de l’autre Liège-Bastogne-Liège. Cependant, les dirigeants ont ramené un renfort de poids pour diviser un peu la pression. Nicolas Roche devra trouver sa place entre les deux leaders belges, mais vu la profondeur de l’effectif, il aura une équipe à son service sur plusieurs courses : exactement ce que l’irlandais cherchait. Roelandts est le seul départ marquant : Lotto sera donc absente des flandriennes cette année.

Arrivées : N.Roche, T.Stubbe, J.Vanlandschoot, N.Sijmens
Néo-pros : S.De Bie
Départs : V.Reynes, G.Bille, J.Roelandts, W.De Vocht, J.Van de Walle (retraite)



Alberto Contador réclamait du soutien en montagne, il a été écouté. Le champion de Belgique Devenyns l’aidera non seulement dans les cols, mais aussi sur les étapes piégeuses et dans la plaine. Samoilau l’a ensuite rejoint, lui qui a fait son trou au sein de l’effectif Movistar depuis 2 ans (7ème du Tour de Romandie 2012, 6ème du Tour de Pékin 2013). Mais le gros renfort reste Brajkovic. Le slovène a peut-être laissé passer sa chance d’être un grand leader sur les deux dernières Vuelta où il n’a pas pu faire mieux que 9ème. Même si Sørensen est parti, Contador pourra aussi compter sur son ami Daniel Navarro. Sortis des montagnes, l’effectif est bien moins dense. Nuyens alterne les bonnes et mauvaises saisons. Logiquement, celle-ci devrait donc être en-deçà de la précédente mais le belge espère rester au sommet de la vague, même sans soutien. Enfin, si Haedo a empilé 7 succès en 2013, ce fut seulement sur le Tour de Norvège et le Tour de Grand-Bretagne. Il semble un peu limité pour imposer sa pointe de vitesse sur des épreuves World Tour.

Arrivées : J.Brajkovic, D.Devenyns, B.Samoilau, W.De Vocht, I.Keisse, M.Mortensen, M.Reihs, R.Sterebo
Néo-pros : P.Poljanski, R.Quaade, A.Talipov
Départs : M.Boaro, J.Hernandez, CA.Sørensen, R.Majka, M.Mørkøv, T.Vinther, L.Roberts, LS.Haedo, N.Sørensen (retraite), M.Tosatto (retraite)



Après les grands tours, BMC change totalement d’objectif pour 2014 ! Exit Wiggins, Morabito et Moinard ! De son propre aveu, Evans devrait sûrement jouer l’équipier de luxe cette année. Les espoirs de BMC pour les courses par étapes reposent donc sur van Garderen et Rolland, même si aucun d’eux ne semble en mesure de remporter un Grand Tour. Aucun changement non plus sur les sprints, ni sur les Ardennaises où Gilbert continuera de se débrouiller seul. Vu les résultats du belge, on ne peut pas donner tort aux dirigeants. C’est donc sur les flandriennes que l’effectif est impressionnant. Hincapie, Burghardt et Lodewyck, très utile l’an dernier, sont restés et tout le recrutement a été fait dans cette optique. Maes, Gaudin et Scheirlinckx, 4ème du Tour des Flandres 2012, joueront les équipiers. Le jeune Vanmarcke arrive aussi mais aura plus le rôle de Joker car Boudin voulait un leader, un vrai. Après une année d’exil, Ballan effectue donc son retour ! L’italien a gagné une flandrienne par an depuis deux saisons, il compte bien faire de même pour fêter son retour.

Arrivées : A.Ballan, S.Vanmarcke, N.Maes, S.Scheirlinckx, D.Gaudin, A.Balloni, M.Brammeier, M.Gaia, M.Parravicini
Néo-pros : E.Coquet, E.Huffman, O.Quaranta
Départs : B.Wiggins, A.Moinard, Y.Eijssen, S.Morabito, M.Kohler, M.Quinziato, A.Blythe, I.Santaromita, C.Baldwin (retraite), S.Cumings (retraite), M.Pinotti (retraite)



RadioShack a été très surprenant en plus de réaliser LE transfert de l’intersaison. Lassés par la malchance d’Andy Schleck, les dirigeants ont décidé de casser la fratrie ! Pour le remplacer, il n’y avait que Bradley Wiggins au niveau. L’anglais veut réaliser l’exploit de remporter trois Tour de France consécutifs dans trois formations différentes. Fuglsang, Fränk Schleck, Machado et Horner seront toujours là pour l’aider, de même que Talansky, qui remplace Monfort. Comme chaque année, RadioShack compte aussi briller sur les flandriennes grâce à Cancellara, soutenu par son lieutenant Rast. Les classiques ardennaises sont au programme de Schleck, qui aura à ses côtés un autre suisse, le champion national Michael Albasini. Celui-ci remplace Hermans. Enfin, le départ des sprinters Bennati et Nizzolo est en partie compensé par l’arrivée de Fabrice Pinaud. Le jeune picard a déjà accroché quelques beaux noms à son tableau de chasse et ne cache pas ses ambitions pour 2014.

Arrivées : B.Wiggins, A.Talansky, M.Albasini, A.Cappelle, G.Bille
Néo-pros : F.Pinaud
Départs : A.Schleck, M.Monfort, D.Bennati, M.Busche, B.Hermans, E.King, G.Nizzolo, J.Voigt (retraite)



Assurément, Sky restera une équipe du trio de tête en 2014. Son recrutement de l’intersaison n’a pas été impressionnant mais n’en reste pas moins intelligent. Son petit point faible en 2013 a été les classiques flandriennes ? Pas de problème : Devolder, 4ème du GP E3 et du Tour des Flandres cette année, arrive. Lui et Eisel, qui reste sur trois tops 10 à Roubaix, devront combler cette absence. Pour les autres classiques, la Sky fera confiance aux omniprésents Van Avermaet et Boasson Hagen, aidés parfois des grimpeurs mais aussi de Marcato et Thomas. Les deux hommes peuvent même gagner des sprints massifs, comme Appollonio, mais ce ne sera pas leur rôle cette année. En effet, Cavendish et Goss sont plutôt gloutons de ce côté-là : à eux deux, ils ont remporté 28 étapes en 2013, dont 12 sur les grands tours ! Enfin, l’effectif pour les courses par étapes impressionne aussi. Froome sera le leader désigné, mais sa garde rapprochée est très complète avec Uran, Henao, Capecchi, Porte et Siutsou. Après Flecha en 2012 et Cobo cette année, il fallait bien un espagnol de service sous le maillot noir et bleu. C’est Rafael Valls qui endossera désormais ce rôle. Sa dernière Vuelta (11ème) a montré qu’il ne ferait pas tâche au sein de cet effectif impressionnant.

Arrivées : S.Devolder, R.Valls, G.Brown, J.Anderson, J.Keough
Néo-pros : J.Edmonson, S.Cantatore
Départs : C.Knees, B.Swift, JJ.Cobo (retraite), J.Hunt (retraite)



Le meilleur effectif de ces deux dernières saisons est aussi le plus stable cette année. Le quatuor néerlandais devrait une nouvelle fois jouer les premiers rôles en montagne. La question est de savoir qui de Gesink, Kruijswijk, Poels ou Mollema ne sera pas leader sur un Grand Tour. Intxausti, Sánchez et Slagter ne devraient donc pas trop avoir leur chance malgré de belles qualités. Rabobank s’est aussi renforcé sur les flandriennes avec l’arrivée de Maaskant. Lui, Gallopin et Leezer auront un rôle important auprès de Boom et Breschel. Le danois veut rééditer ses succès à San Remo et Roubaix, mais Boom est bien décidé à lui reprendre le leadership. Côté sprint, Matthews est la carte n°1 mais Hathaway, Bos et Renshaw, voire Breschel, peuvent aussi jouer des victoires d’étapes. On voit donc mal ce qui pourrait briser la belle dynamique des néerlandais.

Arrivées : M.Maaskant
Néo-pros : B.Kox
Départs : R.Flens, M.Tjallingii

Après de longues semaines de repos, la saison reprend enfin ses droits. Et c’est en Australie, à l’occasion des championnats nationaux, que ça se passe. Depuis deux ans maintenant, les Rabobank ont fait main basse sur le maillot aussie, avec Brown en 2012, pour sa dernière année chez les néerlandais, puis Matthews en solitaire l’an dernier. Cette année, c’est la montée mythique de Willunga Hill qui accueille les coureurs. Cette côte est à parcourir 7 fois mais l’arrivée n’est pas jugée au sommet. 18 kms en contre-bas, la gagne se jouera en haut d’un faux plat montant d’un peu plus d’un km.

Très vite, Renshaw et Rudolph, de la formation Drapac, prennent la poudre d’escampette. Ils espèrent bien refaire le coup de l’an passé, où le peloton n’avait pas roulé derrière l’échappée. Mais ce n’est pas le cas cette année car Orica et Sky font confiance à Gerrans et Goss. L’écart est donc stabilisé autour des 3’30’’ quand Trent Lowe part en contre-attaque à 70 kms du but. Le coureur de Type 1 revient vite sur le duo et essaye de mettre ses adversaires dans le rouge à chaque montée. C’est chose faite dans l’avant-dernière ascension mais Renshaw et Rudolph ne lâchent pas prise. En revanche, ils refusent par la suite de passer un relais, sachant ce qui les attend dans l’ultime bosse. L’entente n’est donc pas parfaite alors que le peloton se rapproche doucement. Dans la dernière ascension de Willunga, Renshaw est le premier à se faire distancer. Puis Rudolph craque à 1500 mètres du sommet, au moment où Matthew Lloyd sort du peloton.

Un peu plus loin, les favoris se dévoilent : Goss, Gerrans, Clarke et Sulzberger accélèrent et rejoignent le coureur Lampre. Haussler, Evans et Matthews sont donc piégés mais seul le leader Garmin dispose encore d’un équipier à mettre au travail. Celui-ci n’étant pas efficace, le groupe de contre bascule avec 45 secondes de marge. Ces cinq-là ont rejoint Renshaw et Rudolph mais Lowe possède toujours 1’20’’ d’avance à 18 kms de la ligne. Une des particularités de Willunga Hill est le replat qui suit la montée. Clarke et Gerrans continuent donc de faire le forcing avant la descente et seul Goss arrive à rester dans leurs roues. Pourtant, Lowe résiste bien avec toujours une minute de marge à 10 kms du but. Ça commence à sentir bon quand Gerrans et Clarke refusent d’amener Goss à la victoire sur un plateau. Mais au lieu de l’attaquer, ils ne se livrent pas à fond. Il ne reste que 2 kms quand Gerrans se lance enfin. Mais c’est trop tard : Lowe fait la nique à tous les favoris. Il était redescendu deux ans au niveau amateur en 2011 après quelques années chez Garmin. À 29 ans, c’est une belle revanche !


Classement :

1. T.Lowe (TT1) 4h27’18"
2. M.Goss (SKY) + 5"
3. S.Clarke (OGE) + 5"
4. S.Gerrans (OGE) + 5"
5. H.Haussler (GAM) + 22"
6. A.Davis (OGE) + 22"
7. R.Porte (SKY) + 22"
8. A.Semple (DPC) + 22"
9. R.Pollock (OGE) + 22"
10. M.Matthews (RAB) + 22"

Les choses sérieuses commencent réellement à l’occasion de ce Tour Down Under qui permet non seulement aux coureurs de se remettre en jambes, mais également de dessiner une première hiérarchie des classements World Tour. En ouverture de saison, la forme de chacun joue pour beaucoup dans le résultat et les coureurs habituellement plus faibles peuvent jouer les premiers rôles. C’est ainsi que Lloyd et Voigt avaient dominé la concurrence en 2012, l’australien s’imposant finalement devant son public. L’an dernier, Gárate et Bol étaient allés au bout de leur attaque involontaire dans le final de la seconde étape, et avaient résisté sur les étapes plus vallonnées. Slagter s’était quant à lui imposé en haut de Willunga Hill pour compléter le triplé Rabobank. Le tenant du titre est d’ailleurs présent pour défendre son titre mais ne devrait pas être leader de sa formation, puisque Gesink effectue déjà sa rentrée ! D’autres grands noms sont également présents, notamment Cancellara, Vanendert et Schleck, sous ses nouvelles couleurs.

Si les meilleurs sprinters comme Sagan, Cavendish et Goss n’ont pas fait le déplacement, le plateau des grosses cuisses n’en reste pas moins très relevé et homogène. La première étape est d'ailleurs dessinée pour une explication des hommes rapides sur la dernière ligne droite, mais bien malin qui peut prévoir le nom du vainqueur au milieu de la quinzaine de prétendants. Greipel, Haussler et Viviani ont tout de même les faveurs des pronostics.

Dès le baisser de drapeau, deux néo-pros veulent se mettre en évidence. Il s’agit de Cantatore, pour Sky, et Kox, qui veut montrer à Boudin que, non, il ne va pas "en chier pour remonter les bidons, le coco". Les deux sont suivis par Vassano, qui reprend la saison avec la même envie avec laquelle il avait fini la précédente, et par Grivko. Beaucoup essayent de les rejoindre, les regroupements et contre-attaques se multiplient mais ces quatre-là prennent finalement le large. Évidemment, ils n’ont pas l’espoir d’aller au bout mais l’enjeu est tout de même présent avec le seul GP de la montagne disputé à Warren Reservoir. Le plus expérimenté du groupe, Grivko, dispose de Vassano au sommet. Derrière, les Liquigas font l’essentiel du travail avec les Saxo, bien que les danois n’aient aucun sprinter dans leur effectif. Puis les Orica, Garmin et Vacansoleil prennent les devants dans les 20 derniers kms. Au passage de la cloche, les quatre attaquants sont donc avalés. La tension monte car tout le monde veut bien entamer sa saison. Évidemment, il n’y pas la place pour tous et une chute survient à 8 kms de la ligne, en tête de peloton. Kristoff et Goddaert s’accrochent et retardent les trois quarts des coureurs. Les deux autres sprinters d’Ag2r, Petit et Belletti, ainsi que Napolitano, Taborre et Pinaud goûtent du bitume alors que Schleck, Vanendert et Gesink sont retardés ! Pour trois malchanceux, la sentence est plus lourde puisque De Vocht, Malori et Devolder doivent être évacués en ambulance. C’est un coup dur pour la Sky en vue des classiques. Après la chute, beaucoup d’équipes perdent du temps à s’organiser, ce qui pousse Schleck, Vanendert et Gesink à effectuer eux-mêmes la poursuite.

En tête du premier groupe, les trains ont aussi été désorganisés par cette chute mais le rythme n’a presque pas baissé. À 5 kms, les Garmin pour Haussler et les Orica pour Guarnieri sont toujours au coude à coude. Ventoso a choisi la roue de l’italien mais ce sont Bos, Malnero et Bouhanni qui ont mieux senti le coup car Koldo Fernandez est très efficace. Haussler est libéré en tête à 1500 mètres de l’arrivée. Mais il est encore trop tôt dans la saison pour tenir seul aussi longtemps. À 500 mètres du but, il coince au moment où Bennati et Bos le débordent. L’italien est le plus rapide mais était moins bien placé sous la flamme rouge. Bos remporte donc sa première victoire depuis aout 2011 ! On attend désormais les attardés. Aidé de Gárate, Gesink était tout près de faire la jonction à 6 kms du but mais a fini par coincer. Il termine avec une dizaine de coureurs dont Vanendert et Schleck, à 54 secondes du vainqueur. Le bilan est donc mitigé pour Rabobank mais c’est encore pire pour Anton, Kiryienka, Gerdemann, Devenyns ou Spilak, qui perdent 2’27’’. Cancellara, Visconti, Kolobnev et Kwiatkowski réalisent donc la bonne opération du jour en ayant évité la chute.

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