The three lives of Alessandrini

Sur le plan sportif, je ne m’étais jamais senti aussi fort.

Ma victoire à Fort Bayard m’avait complètement libéré au niveau de la confiance, je me sentais capable de battre n’importe qui sur le circuit américain. Mon déménagement en Californie m’avait fait le plus grand bien. Mes longues sorties m’emmenaient sur des bords de plages magnifiques au sable blanc à Encinitas et aux alentours. Le soir et le week-end, les sorties avec mes nouveaux amis nous emmenaient vers des clubs incroyables et une foule jeune et branchée. Nous partions pour Los Angeles une fois par mois, pour se perdre sous les gratte-ciels de la métropole Américaine.

Mon cyclisme était meilleur que jamais. Pour la première fois je vivais. Loin du froid, loin de la pression familiale, je me sentais enfin capable de me concentre à 100% sur ma carrière.

Amanda, elle, n’était pas ravie. Je la comprenais, ce n’était pas facile de garder contact à distance. J’avais une nouvelle vie ici, un autre rythme. Le soir j’étais fatigué, la journée je roulais. Petit à petit, la tristesse était passée aux reproches. La détente le week-end, devenue synonyme de crise de jalousie. Mes absences de messages, une occasion de se disputer.

Nous venions de fêter nos quatre ans. Et nous n’étions pas naïf, vivre à distance n’était pas facile. Pour personne. Pourtant, ses reproches me faisaient mal. Ne pouvait-elle pas apprécier mon succès ? Ne pouvait-elle pas comprendre pourquoi je devais faire ses sacrifices ? Que je chassais mon rêve ?

Le retour au Canada pour mes prochaines courses cet été devait être l’occasion de rattraper le temps perdu et panser nos plaies. Amanda allait terminer son bachelor, elle avait un stage d’été dans une compagnie à Vancouver. Pour ma part, je courrais comme un dingue, prêt à tout pour impressionner les suiveurs et profiter de ma bonne forme. Pour la première fois en six mois nous étions si proches – mais plus éloignés que jamais.  

Spoiler:

[Dans le background: Amandine Insensible]

[♫ There's a woman, she fails him every time ♫]

Le déclin de ma forme estivale me frappait tout doucement, tout comme la solitude qui s’abattait maintenant sur moi. La situation avec Amanda se détériorait à chaque seconde. Comment pouvait-on passer si vite de la confiance au doute, de la joie à la douleur, de l’impression que tout irait toujours bien à celle qu’aujourd’hui ne finirait jamais ?

[♫ How can I suffer without the pain? ♫]

Je me surprenais le soir à stresser sur le prochain sprint, sur mon niveau à l’entraînement, sur ma carrière en général. Je me réveillais en sueur, étranger dans mon propre lit. J’étais irrité – et un ou deux cafés ne pouvaient rien calmer. J’avais du mal à me motiver pour rouler, à me lever le matin, à partir courir l’après-midi. Je n’étais plus le Mike optimise d’il y a un mois. Ma victoire à Fort Bayard n’était plus qu’un souvenir lointain, une relique de temps meilleurs.

[♫ I wish I could cry ♫]

C’était Amanda, c’était les doutes. J’aimais cette fille plus que tout. Nous avions rêvé ensemble d’un futur heureux. Nous avions ri, pleuré, chanté, dansé. Nous avions vécu la vie, nos rêves et plus encore. Étais-je responsable ? Avais-je fait les mauvais choix ? J’étais celui qui était parti, celui qui avait tout plaqué pour une carrière d’anonyme sur l’America Tour. Devais-je payer de mon amour ?

[♫ I wish I could die ♫]

Amanda, mon amour, m’attendras-tu quand je serai loin ? M’attendras-tu pour que nous réalisions nos rêves ensemble ?

[♫ I wish I could cry ♫]

J’étais si loin de toi, si loin de tout. Comme à mon habitude maintenant, une nouvelle fois, je ne dormais pas.  

[♫ I wish I could die ♫]

Spoiler:

Spoiler:

Chaque jour, chaque décision, une idée me trotte en tête. Lorsque les rideaux se baisseront, que ma carrière prendra fin, pourrais-je dire que j’ai tout tenté ? Pourrais-je dire que j’ai pris tous les risques pour réussir mon rêve ?

Je dois me battre sur chaque virage, sur chaque relance, sur chaque sprint. Je dois toujours tout donner. Même chose pour les opportunités. Viser tout en haut, attirer les projecteurs, ne pas hésiter à tout plaquer. C’est pour ça que j’étais venu en Californie. Avec succès – enfin je le pensais.

Mais maintenant que ma vie privée est en jeu, que je vois les conséquences du vélo, la balance a changé. Ce ne sont pas seulement mes efforts et ma fatigue que je dois prendre en compte : ma famille, mes amis, mon amour de jeunesse. Étais-je prêt à les perdre pour réussir ? Le succès a des répercussions cruelles.

Sans Amanda, je m’apprêtais à définitivement laisser le Canada de côté. Après un petit passage à vide – ma traversée du désert – je m’attaquais à mon dernier objectif de l’année et – ironie du sort – rien d’autre mon tour local en Alberta. Mon contrat est de deux ans – aucune chance de signer dans une meilleure équipe cette année. Mais les recruteurs prennent toujours notes et, surtout, mon orgueil voulait prouver quelque chose (à qui, je ne le sais pas trop. Amanda n’a jamais été trop jalouse– du moins avant la Californie – et ne s’intéresse pas trop au cyclisme, en dehors d’un intérêt poli de circonstance. Je doute qu’elle suive le Tour d’Alberta, surtout maintenant qu’elle a déménagée à Vancouver).

Carlo m’a appelé. Il suivait ma carrière avec attention et venait de parler avec Gianni, mon père. Ils connaissaient mon rêve, courir un jour en Italie. Carlo avait prospecté un peu en Lombardie, faisant circuler mon nom et le respectable pedigree d’un espoir montant du cyclisme canadien (c’est un excellent vendeur).

Une offre !

Un club U23, bien-sûr, la seule façon de fermer mon contrat avec Aevolo étant de repasser en semi-professionnel. Mais en Italie, en Europe, sur le calendrier qui a révélé certains des meilleurs coureurs de tous les temps. A nouveau, je dois choisir.  

Entre mon rêve de toujours, mais ô combien précaire et risqué, et la sécurité d’une Californie où j’étais meilleur que jamais. Ai-je la force de tout plaquer, un an après, pour une transition encore plus radicale ? Suis-je vraiment prêt à tout ? Quel choix vais-je regretter dans dix ans ?

Il est temps de tourner définitivement la page Amanda.

La même semaine, je réalisais mon meilleur Tour d’Alberta en date, accrochant deux top 5 dans la roue de Wippert et de sa puissante armada Cannondale.

Aevolo (CT) – San Diego, US
Coureur protégé
3.000€/mois | 31.12.2018 (1 an)

Delio Gallina Colosio Eurofeed (U23) – Bergame, Italie
Espoir
850€/mois | 31.12.2018 (1 an)

Spoiler:

Bilan Scout #64 : Michele ALESSANDRINI (Aevolo, CT)

Le canadien de tout juste 22 ans a impressionné pour sa première saison avec Aevolo. Le sprinteur de Calgary a réalisé pas moins de 8 top 10 cette saison, dont une victoire en patron sur le Tour de Gila. Il s’est aussi montré très à l’aise sur les quelques critériums de l’US Tour où il a pris part, faisant parti des meilleurs coureurs. Capable de grosses accélérations et de se faufiler partout, il paye pour le moment ses grosses limitations sur les étapes plus longues et les terrains accidentés où il est à la peine.

Il fait son entrée dans le Scout U23 comme jeune coureur à suivre #64 de la saison 2018. Alessandrini est maintenant à un stade crucial de sa carrière, où beaucoup ne réussissent pas à convertir les promesses d’une bonne saison. Reste à savoir si repartir au niveau U23, pour ses premiers pas en Europe, est une bonne idée.

10 meilleurs résultats en 2017
1 – Tour of the Gila (E2)
2 – Tour de Saguenay (E2)
3 – Tour of Alberta (E3)
4 – Tour de Beauce (E4)
8 – Championnats du Canada
7 – Tour of Alberta (E2)
5 – Tour of Alberta (E4)
8 – Joe Martins Stage Race (E3)
12 – Tour de Beauce (E1)
12 – Tour of the Gila (E4)

Carrière
2014 – Junior
2015 - H&R Block Pro Cycling (CT)
2016 - H&R Block Pro Cycling (CT)
2017 - Aevolo (CT)
2018 - Delio Gallina Colosio Eurofeed (U23)

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Bilan Scout #2 : Pete WALSH (STDM Macau, CT)

Si on lui imaginait un avenir plus que radieux dans le World-Tour, la saison d'un des plus grands espoirs britanniques a rapidement tourné au cauchemar. Dès le stage de pré-saison avec la formation Sky, Walsh est disqualifié du Trofeo Serra de Tramuntana pour avoir provoqué une bagarre puis cause le chaos dans une discothèque locale. Libéré avec effet immédiat de son premier contrat World-Tour et emprisonné pour trois mois, la prometteuse carrière du puncheur-grimpeur prend un brusque coup d'arrêt. [...]